Le rapport recommande aux pays africains qui envisagent d’émettre de nouveaux eurobonds de viser des échéances plus longues, de procéder à des rachats de leurs euro-obligations en circulation et de lancer une campagne unifiée pour lutter contre la « prime de risque africaine ».
L’Angola, l’Egypte, le Ghana, le Nigeria et l’Afrique du Sud accaparent actuellement 71,10% de la valeur nominale cumulée des euro-obligations en circulation émises par l’ensemble des pays du continent, selon un rapport publié le 28 mai dernier par Development Reimagined, un think tank basé en Chine et constitué de consultants en développement.
Intitulé « Africa’s Eurbonds : How large are the eurobonds held by africain countries, how might they impact budgets in future, and what scope for reducing their costs ? », le rapport précise que 19 pays africains ont émis un total de 91 eurobonds libellés en dollar américain entre 1997 et 2023, dont 65,93% ont été émis par les cinq pays précités.
La valeur nominale cumulée de ces eurobonds s’élève à 111 milliards de dollars.
L’Egypte tient le haut du pavé avec 22 eurobonds en circulation, devant le Nigeria et l’Afrique du Sud (10 eurobonds pour chaque pays).
Le Caire dispose des maturités les plus longues (40 ans) et les plus courtes (4 ans), mais la maturité de 10 ans reste encore la plus courante à l’échelle continentale.
En ce qui concerne la valeur des euro-obligations par rapport au produit intérieur brut (ratio eurobond en circulation/PIB), le Gabon affiche le taux le plus élevé (24,75%), devant le Ghana (24,02%), l’Angola (19,05%) et la Côte d’Ivoire (16,87%).
Le document révèle par ailleurs que les valeurs de remboursement annuel des eurobonds varient d’un pays à l’autre et dépendent largement de leurs taux de coupon, qui peuvent dépasser 9 %. En conséquence, certains seront obligés de rembourser jusqu’à 5 milliards en une seule année.
Avec les conditions d’emprunt actuelles, les économies africaines continueront d’être étranglées sur le plan budgétaire, et devront souvent rembourser leurs obligations au détriment des priorités urgentes de développement.
Pour alléger le fardeau de remboursement de ces eurobonds, le rapport recommande aux pays africains qui envisagent d’émettre de nouvelles euro-obligations de viser des échéances plus longues et de prendre des mesures pour contrer la « prime de risque africaine ».
S’inspirant de la décision prise par l’Egypte en 2010 d’abandonner l’émission d’euro-obligations à 10 ans, d’autres pays africains ont déjà suivi cette tendance en émettant des euro-obligations à plus long terme. En allongeant ces échéances, les paiements de coupons annuels sont comprimés et répartis sur une plus longue période, ce qui donne aux emprunteurs une plus grande marge de manœuvre budgétaire et réduit les risques de défaut sur le remboursement de la dette.
En outre, ces efforts doivent être combinés à une campagne agressive et unifiée des pays africains pour lutter contre de longues décennies de « prime de risque africaine » liée à « la perception biaisée du risque souverain en Afrique par les agences de notation financière, qui rend les emprunts sur les marchés internationaux des capitaux plus coûteux pour les pays du continent que pour les autres pays du monde ».
Au cours des quatre à cinq prochaines années, les pays africains devraient envisager le rachat de leurs euro-obligations en circulation afin d’éviter des tensions budgétaires très prévisibles. Ces rachats représentent un moyen efficace pour les gouvernements de gérer leurs paiements au titre du service de la dette, dans la mesure où ils réduisent les charges d’intérêt.
Source : Agence Ecofin