Près de trois ans après son annonce officielle, la Banque africaine de l’énergie (AEB), spécialisée dans le financement des projets pétroliers et gaziers en Afrique, peine à voir le jour. Plusieurs pays membres n’ont pas encore versé leur part du capital initial, fixé à 5 milliards de dollars.
L’institution panafricaine espère toutefois lancer ses activités d’ici mi-2025, selon Denys Denya, premier vice-président exécutif de la banque africaine d’import-export Afreximbank. « Nous sommes en pleine mobilisation des capitaux. Certains pays ont déjà contribué, et nous discutons avec d’autres pour réunir les fonds nécessaires », a-t-il déclaré à Reuters en marge de la conférence Mining Indaba au Cap. Il a assuré que la banque serait opérationnelle en 2025, idéalement avant la fin du premier semestre.
Créée en mai 2022 par Afreximbank et l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), l’AEB a choisi le Nigeria comme siège en juillet 2024. À ce jour, les pays producteurs d’hydrocarbures ont réuni 45 % du capital initial, selon le secrétaire général de l’APPO, Omar Farouk Ibrahim. L’objectif de l’AEB est de pallier le manque de financement des énergies fossiles en Afrique, dans un contexte auquel de nombreux bailleurs de fonds internationaux se retirent du secteur.
En effet, lors de la COP26 à Glasgow, une vingtaine de pays développés s’étaient engagés à cesser le financement des projets fossiles à l’étranger dès fin 2022, sauf en cas de captage du carbone.
Lors du sommet One Planet organisé en décembre 2017, le Groupe de la Banque mondiale avait annoncé la fin des financements des activités en amont du secteur pétrolier et gazier après 2019, excepté pour certains projets gaziers dans les pays les moins avancés. La Banque européenne d’investissement (BEI) a également stoppé ses financements dans ce domaine depuis fin 2021.
Face à ces restrictions et à la pression des ONG environnementales, plusieurs compagnies internationales se désengagent progressivement des actifs pétroliers et gaziers africains en raison des risques environnementaux, politiques et sécuritaires. Pendant ce temps, les compagnies nationales africaines disposent de ressources limitées pour combler le déficit de financement, alors que près de 600 millions d’Africains restent privés d’accès à l’électricité.
FATOUMATA BA