La transparence dans la gestion des finances publiques est essentielle pour assurer la stabilité économique. Dans cette perspective, la loi n°2012-22 du 27 décembre 2012 impose la publication d’un rapport sur la situation des finances publiques au début de chaque mandat présidentiel. Ainsi, conformément à cette exigence, le Ministère des Finances et du Budget (MFB) a soumis à la Cour des Comptes un rapport portant sur la période de 2019 au 31 mars 2024. En prenant en compte l’absence d’un rapport similaire en 2019, ce document dresse un bilan préoccupant de la dette publique sénégalaise.
Augmentation des emprunts, forte dépendance vis-à-vis du secteur bancaire et incohérences dans les chiffres officiels : le rapport révèle des failles significatives dans la gestion des finances publiques, soulèvant de sérieuses inquiétudes quant à la viabilité de la dette.
Le rapport de la cour des comptes confirme les révélations du gouvernement faites en septembre 2024, concernant la falsification des chiffres. Cependant, il indique que la dette publique est bien plus élevée que les 86% évoqués par le gouvernement. Selon les données du rapport, la dette totale de l’administration centrale au 31 décembre 2023 atteint 18 558,91 milliards de FCFA, soit 99,67% du PIB. Ce chiffre marque une différence de 25,27% par rapport à l’estimation initiale.
Cette dette se compose de 11 864,20 milliards de FCFA de dette extérieure et 6 694,71 milliards de FCFA de dette intérieure, dont 2 096,46 milliards de FCFA de dette bancaire locale, contractée en dehors du cadre budgétaire. Le service de la dette pour la période 2019-2024 atteint 2 497 milliards de FCFA, se répartissant comme suit : 2 147,22 milliards de FCFA pour l’amortissement, 298,77 milliards pour les intérêts, 21,73 milliards pour des pénalités de retard dues à un suivi manque d’échéances, et 29,28 milliards pour les commissions et autres frais .
Le rapport met également en lumière une dette bancaire non prise en compte dans la comptabilité publique, beaucoup plus importante que ce qui avait été annoncé. Au 31 mars 2024, cette dette s’élève à 2 517,14 milliards de FCFA (dont 1 961,07 milliards de crédits directs à l’État central et 546,70 milliards de FCFA de Certificats nominatifs d’obligations – CNO), bien au-delà des 2 234,06 milliards mentionnés.
Selon la Cour des comptes, le remboursement de cette dette alourdit considérablement les marges de manœuvre budgétaires de l’État, ce qui limite sa capacité à financer les politiques publiques. En outre, le rapport souligne qu’une partie de ces emprunts n’a pas reçu l’approbation du Parlement, ce qui constitue une « irrégularité dans la gestion budgétaire ». Enfin, l’endettement bancaire hors du circuit budgétaire expose l’État à des risques courus, notamment en termes de taux d’intérêts élevés et d’échéances non maîtrisées.
FATOUMATA BA