Au cours des quinze dernières années, les avancées technologiques ont profondément transformé le marché des télécommunications et du numérique en Afrique. Ce changement a apporté son lot d’opportunités et de défis, notamment en matière de régulation. Alors que la technologie évolue rapidement, l’adaptation des régulations demeure un enjeu pour exploiter pleinement le potentiel économique du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). À cet égard, le Burkina Faso et le Sénégal se distinguent comme des modèles de régulation sur le continent, ayant récemment atteint le niveau G3 dans le classement de l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Contexte et État des Lieux
Selon l’UIT, en 2024, dix pays africains ont atteint le plus haut niveau de maturité réglementaire dans le domaine des TIC. Le Burkina Faso et le Sénégal se sont élevés au niveau G3, rejoignant ainsi d’autres pays avancer comme certains en Europe et en Amérique. Ce niveau est synonyme d’un écosystème réglementaire favorable aux investissements, à l’innovation et à l’accès universel. Cependant, malgré ces avancées, une bonne partie des pays du continent demeure encore en dessous des standards souhaités, reflétant un besoin d’adaptabilité et de révision des réglementations en place.
La Maturité Réglementaire des TIC
L’indice de maturité réglementaire de l’UIT évalue 193 pays sur la base de 70 indicateurs regroupés en quatre piliers :
- Gouvernance collaborative nationale
- Principes de conception des politiques
- Instruments de développement numérique
- Agenda politique de l’économie numérique
Cet indice, noté sur un maximum de 100 points, se divise en quatre niveaux :
- G1 (limité) : 0-40 points – Marchés monopolistiques, approche autoritaire.
- G2 (intermédiaire) : 40-70 points – Libéralisation partielle et privatisation.
- G3 (avancé) : 70-85 points – Cadre favorable à l’innovation et à la concurrence.
- G4 (leader) : 85-100 points – Régulation harmonieuse, moteur de transformation numérique.
Avancées Récentes
Entre 2023 et 2024, les pays africains ont réalisé des progrès dans la régulation des TIC. La pandémie de Covid-19 a été un catalyseur, soulignant l’urgence d’une transformation numérique tout en mettant en lumière les lacunes réglementaires à combler, notamment concernant la gestion du spectre et la fiscalité des services numériques.
Les résultats de cette dynamique sont palpables. Un nombre conséquent de pays classés G1 et G2 en 2023 ont réussi à progresser vers le niveau G3, laissant présager une tendance positive. Cependant, malgré cette évolution réjouissante, de nombreux pays continuent d’afficher un niveau de maturité réglementaire particulièrement faible.
Classement des Pays Africains
Le classement des pays africains en matière de régulation des TIC en 2024 met en évidence les leaders dans ce domaine :
- Kenya – 93 points (G4)
- Nigeria – 92 points (G4)
- Afrique du Sud – 88 points (G4)
- Malawi – 87,50 points (G4)
- Egypte – 87 points (G4)
- Rwanda – 85,67 points (G4)
- Maroc – 85,50 points (G4)
- Ouganda – 85 points (G4)
- Burkina Faso – 84 points (G3)
- Sénégal – 82,67 points (G3)
Ce classement justifie le dynamisme et le potentiel des pays africains en matière de régulation des TIC.
Ndeye Dieynaba Traore