Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, lundi au Bâtiment administratif Mamadou Dia, un conseil interministériel dédié à la relance du Groupe La Poste. Cette instance a rassemblé l’ensemble des acteurs concernés afin d’établir une stratégie claire pour assurer la survie et la modernisation de cette institution publique essentielle à l’économie nationale.
Le constat est sévère : depuis plus de dix ans, le Groupe La Poste traverse une crise systémique caractérisée par une dégradation continue de ses performances économiques. Entre 2012 et 2025, le nombre de ses employés a augmenté de près de 60%, passant de 2 600 à plus de 4 100 agents, tandis que le chiffre d’affaires a diminué de 26%.
Fin 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards de FCFA, accompagnées d’un endettement jugé critique et d’un déficit de plus de neuf milliards de FCFA sur les dépôts clients. Les filiales du groupe, Postefinances et EMS Sénégal, ont également souffert, affichant des capitaux propres négatifs et une perte de parts de marché.
Cette situation alarmante résulte principalement d’une gouvernance défaillante, d’une concurrence accumulée insuffisamment régulée, d’une modernisation tardive, ainsi que d’un déséquilibre financier chronique. Sur le plan opérationnel, plus de 80% du parc automobile est hors service, et depuis octobre 2022, l’État vers les salaires des agents, réduit la fragilité financière du groupe.
Pour redresser cette importante structure économique et sociale, le gouvernement a défini une vision stratégique articulée autour de quatre axes majeurs : la rénovation et l’innovation de l’offre de services, le renforcement de la gouvernance et des capacités financières, une transformation numérique réussie, ainsi qu’une régulation plus efficace du secteur.
Un plan d’actions en deux phases a été établi, comprenant notamment la recapitalisation du groupe, la rationalisation des effectifs à travers un plan de départs négociés, l’apurement des dettes fiscales et sociales, et la valorisation du patrimoine immobilier stratégique comprenant près de 150 sites.
Par ailleurs, des mesures immédiates sont prévues pour soutenir Postefinances, avec un décaissement de cinq milliards de FCFA par la Caisse des Dépôts et Consignations. Le projet à moyen terme prévoit également la création d’une Banque Postale d’ici à 2029, destinée à élargir l’offre financière et à renforcer l’inclusion bancaire. L’administration publique sera invitée à privilégier les services de La Poste, tandis qu’une régulation renforcée protégera le domaine réservé de l’institution.
Ces initiatives visent ainsi à garantir la pérennité d’un acteur clé de l’économie nationale, tout en favorisant l’inclusion économique, sociale, numérique et financière.