Le Sénégal traverse une zone de fortes turbulences, à la fois politiques et financières. Moins d’un an et demi après l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, la coalition gouvernementale issue du PASTEF d’Ousmane Sonko connaît ses premières fissures. Ces tensions internes obscurcissent davantage la trajectoire politique du pays, au moment même où Dakar tente de rétablir la confiance de ses partenaires internationaux.
L’annonce, le 11 novembre, de la création d’une nouvelle alliance politique par le parti au pouvoir intervient dans un climat déjà dégradé : la mission du Fonds Monétaire International (FMI), en visite à Dakar la semaine précédente, s’est soldée par un départ sans accord. Une situation qui nourrit l’incertitude des marchés. Les obligations souveraines du Sénégal libellées en dollars ont ainsi chuté pour la quatrième séance consécutive, renforçant le scepticisme des investisseurs.
Le pays reste fragilisé par la révélation, en 2024, de 7 milliards de dollars de prêts non déclarés. Cette dette parallèle, issue de mécanismes financiers hors budget, avait conduit à la suspension provisoire du programme d’aide du FMI, ternissant l’image d’un État longtemps présenté comme l’un des modèles de gouvernance de l’UEMOA.
Dans une région souffrant déjà de déficits publics persistants, l’affaire a accru la prudence des investisseurs régionaux et internationaux.
« Le Sénégal demeure solvable, mais la perception du risque s’est nettement dégradée », analyse un expert du secteur.
L’actuelle instabilité politique pourrait ainsi ralentir les négociations avec le FMI pour un nouveau programme de réformes destiné à rétablir la viabilité budgétaire.
L’alliance entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, portée au départ par une même volonté de rupture, semble aujourd’hui fragilisée. Après l’élection de 2024, le président avait confié à son mentor le poste stratégique de Premier ministre. Mais les désaccords autour du partage du pouvoir et de la direction politique se sont progressivement amplifiés.
Le limogeage d’Aïssatou Mbodj, proche de Sonko et coordinatrice de la coalition, a fait éclater au grand jour une fracture latente. En réponse, le PASTEF a immédiatement annoncé la création d’une nouvelle coalition, ouvrant la porte à un éventuel élargissement de son assise politique.
Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un affrontement d’influence entre les deux centres de pouvoir. Une analyse d’Oxford Economics avançait déjà que le dernier remaniement renforçait l’autorité politique du Premier ministre, accentuant le déséquilibre au sein de l’exécutif.
Aux yeux des investisseurs, la question essentielle est désormais de savoir si le Sénégal parviendra à stabiliser son cadre politique et macroéconomique avant 2026. Moteur économique majeur de l’UEMOA près de 20 % du PIB régional le pays affiche pourtant une conjonction peu rassurante : dette élevée, déficit budgétaire récurrent, et champ politique fragmenté.
Les analystes anticipent une période de volatilité accrue sur les marchés souverains ainsi qu’un ralentissement des échanges avec les institutions financières internationales.
La recomposition politique en cours constitue un test crucial pour Bassirou Diomaye Faye, sommé d’asseoir son autorité tout en rassurant les partenaires économiques du Sénégal.
Au-delà des enjeux internes, c’est l’image d’un pays longtemps considéré comme un modèle de stabilité démocratique et financière qui se joue. Entre la nécessité de regagner la confiance des bailleurs et celle de préserver la cohésion de sa majorité, le chef de l’État s’engage dans un exercice d’équilibriste délicat.




















































