La commune de Darou Khoudoss, considérée comme l’un des principaux poumons miniers du Sénégal, monte au créneau. Ses autorités locales interpellent le gouvernement sur l’application effective des fonds d’appui aux collectivités territoriales prévus par le code minier. Une demande réitérée par le secrétaire municipal, Mawo Diop, dans un entretien accordé au quotidien Le Soleil.
Avec une superficie de 520 km² et plus de 104 000 habitants (recensement 2023), Darou Khoudoss est la plus vaste commune du département de Tivaouane. Son sous-sol regorge de richesses : phosphate, zircon et autres minerais stratégiques. Elle abrite également deux mastodontes de l’industrie extractive nationale, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et Grande Côte Opérations (GCO).
Pourtant, malgré ce potentiel, la commune peine à équilibrer ses comptes. Sur un budget annuel théorique proche de 800 millions de FCFA, elle n’arrive pas à recouvrer plus de 500 millions. « Un paradoxe inconcevable », déplore Mawo Diop, pointant du doigt des conventions qui concentrent les bénéfices au niveau de l’État central, tandis que les collectivités locales supportent les impacts négatifs de l’exploitation.
Selon M. Diop, la situation est aggravée par les exonérations fiscales accordées aux ICS. L’article 7 de leur convention stipule que seules les taxes fixes et superficielles sont dues, toutes les autres étant levées. En outre ,la commune se prive de recettes importantes.
« Rien que le droit de stationnement des camions traversant chaque jour Darou Khoudoss aurait pu rapporter près de 80 millions FCFA par an », souligne le secrétaire municipal, rappelant que seules les carrières locales acquittent aujourd’hui cette taxe.
Au-delà des exonérations, les autorités locales dénoncent l’inapplication d’articles clés du code minier (112 à 115), relatifs aux fonds d’appui et de péréquation miniers :
- Fonds d’appui au développement local (FADL)
- Fonds d’appui au secteur minier
- Fonds de garantie et de réhabilitation
Ces mécanismes devaient permettre un retour direct des retombées minières vers les collectivités. Mais, selon M. Diop, « ces fonds n’ont jamais été alimentés par les entreprises, et l’État ferme les yeux ».
Alors que le budget communal devait atteindre 966 millions de FCFA en 2024 grâce à ces fonds, Darou Khoudoss n’a finalement perçu que 400 à 500 millions, compromettant ses capacités d’investissement dans des secteurs essentiels comme la santé ou l’éducation.
Dans le contexte actuel de renégociation des contrats miniers, les élus de Darou Khoudoss estiment que l’État doit corriger ces déséquilibres. « C’est une injustice qu’il faut réparer », plaide Mawo Diop, invitant les nouvelles autorités à faire respecter les dispositions légales et à garantir un véritable partage de la rente minière au profit des populations locales.
FATOUMATA BA














































