Au Nigéria, un pas décisif vient d’être franchi en faveur de l’électrification rurale. L’Agence d’électrification rurale (REA) a officialisé la signature de plusieurs protocoles d’accord avec des partenaires stratégiques, débloquant ainsi un potentiel d’investissement de 500 milliards de nairas, soit environ 327 millions de dollars (186 milliards FCFA). Objectif : accélérer le déploiement des énergies renouvelables dans les zones rurales du pays, encore largement sous-équipées en infrastructures énergétiques.
L’annonce a été faite lors du forum national intitulé « Renforcer le partenariat pour l’accès à l’énergie durable et le développement socio-économique », réunissant institutions publiques, investisseurs et acteurs techniques. Pour le directeur général de la REA, Abba Aliyu, cette initiative s’inscrit dans la continuité de projets déjà réussis, portés par une dynamique de partenariat public-privé renforcé.
Plusieurs réalisations illustrent les progrès récents. La REA a notamment contribué au déploiement de commissariats de police alimentés par l’énergie solaire en collaboration avec le Police Trust Fund. Un centre de test pour les technologies d’énergies renouvelables a également été mis en place avec le groupe Huawei. De plus, la First City Monument Bank (FCMB) a accordé 100 milliards de nairas en financements privés à des entreprises du secteur vert. Autre avancée majeure : la construction et l’opérationnalisation de 200 mini-réseaux solaires dans 13 États fédérés, renforçant ainsi la résilience énergétique de milliers de localités isolées.
Depuis sa création, la REA revendique des résultats probants : plus de 160 mégawatts de capacité solaire installée, l’électrification de 1 650 communautés, l’approvisionnement en électricité de 1 000 centres de santé, et environ six millions de personnes touchées directement.
Le directeur exécutif des services techniques, Umar Umar, rappelle que « l’électrification rurale ne se résume pas à la construction d’infrastructures. Elle conditionne l’accès à l’éducation, à la santé, à la sécurité et stimule la productivité économique ».
La REA entend mobiliser les 500 milliards de nairas en trois phases, en s’appuyant sur un écosystème hybride mêlant capitaux privés, innovations technologiques et volontarisme politique. Dans un pays où près de 50 % de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, cette stratégie marque un tournant : celui du passage d’un modèle étatique centralisé à une approche décentralisée, inclusive et durable. En accélérant la transition énergétique, le Nigéria espère ainsi poser les bases d’un développement rural plus équitable, tout en s’alignant sur les objectifs climatiques globaux.
Fatoumata Ba