Le Sénégal, avec sa riche diversité culturelle et religieuse, abrite un potentiel immense pour lutter contre la pauvreté grâce à l’institutionnalisation de la Zakât, l’aumône légale en islam. Selon le Docteur Abdou Karim Diaw, coordonnateur du Programme de développement de la microfinance islamique (Promise), le pays pourrait collecter environ 321 milliards de FCFA en 2023 grâce à cette pratique. C’est pourquoi le Centre islamique de formation et de documentation (Cifod) plaide pour une organisation structurée de cette collecte afin de renforcer les liens sociaux et de combattre les inégalités.
La conférence organisée par le Cifod au CICES, intitulée « La Zakat, un levier pour le renforcement des liens sociaux », a mis en lumière l’importance de cette pratique. Djibril Seck, responsable pédagogique du Cifod, souligne que la Zakat est sous-exploitée au Sénégal, contrairement à des pays comme l’Arabie Saoudite, la Malaisie ou l’Indonésie, où elle est institutionnalisée et finance de nombreux projets dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Le Docteur Diaw estime que la Zakat pourrait éradiquer la pauvreté en deux ans si elle était collectée et distribuée correctement. Avec l’impôt du corps, appelé « mouroum kor », environ 10,9 milliards de FCFA pourraient également être récoltés. Cependant, Imam Seydina Touré déplore l’absence d’institutions capables de gérer efficacement ces fonds.
Pour surmonter ces défis, le Dr Diaw préconise la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel pour mutualiser la collecte et la distribution de la Zakat. Une organisation efficace aurait un impact socio-économique significatif, contribuant à l’autonomisation économique des bénéficiaires et à la réduction de la mendicité. Imam Touré estime que cela permettrait même à l’État de faire face à ses difficultés économiques en exploitant les ressources internes.
Le Cifod s’inscrit dans la dynamique impulsée par le khalife général des mourides depuis 2021 pour améliorer la collecte de la Zakat. Cette initiative vise à aider les musulmans à accomplir ce troisième pilier de l’islam tout en contribuant au développement du pays. En institutionnalisant la Zakat, le Sénégal pourrait ainsi renforcer ses liens sociaux et promouvoir un développement économique et social durable.
Mame Malick Ciss