Le Sénégal amorce un tournant décisif dans la gouvernance de ses ressources naturelles. Le gouvernement prépare une refonte majeure des contrats dans les secteurs des mines, du pétrole et du gaz. Objectif affiché : faire de ces accords des leviers au service de l’intérêt général, de la souveraineté économique et du développement durable.
Lors d’une déclaration officielle, le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, a tracé les grandes lignes de cette réforme ambitieuse. Il s’agit, selon lui, de « mettre fin à l’opacité, aux déséquilibres et à la faible rentabilité sociale des contrats d’exploitation ». Le ministre appelle à une « nouvelle génération de contrats publics, équitables, transparents et adaptés aux intérêts du pays ».
Cette réforme marque une volonté claire de l’État de reprendre la main sur les modalités de conclusion, de gestion et d’évaluation des contrats liés à l’exploitation des ressources naturelles. Le cadre juridique actuel, jugé obsolète, ne répond plus ni aux exigences de transparence ni aux attentes des citoyens. Pour Birame Soulèye Diop, il ne s’agit pas d’un affront envers les investisseurs, mais plutôt d’une redéfinition des règles dans une logique de partenariat équilibré.
« Il ne s’agit pas d’un bras de fer. Il s’agit de construire ensemble un modèle gagnant-gagnant entre l’État, les investisseurs, les entreprises locales et les populations », a-t-il affirmé.
Au cœur de cette refonte se trouvent plusieurs priorités : l’équité contractuelle, une fiscalité adaptée, la redistribution des revenus au bénéfice des communautés locales, et le respect des normes environnementales. Le gouvernement souhaite intégrer des clauses plus strictes, garantir une meilleure traçabilité financière, renforcer les mécanismes de contrôle et impliquer davantage les institutions démocratiques dans le processus.
Conscient des impératifs économiques, le ministre a tenu à rassurer les investisseurs : leur rôle demeure central, à condition que le risque assumé le soit dans un cadre juridiquement stable, équilibré et respectueux des intérêts du Sénégal.
« Je reconnais la place de l’investisseur, qui engage des ressources et prend des risques. Mais ces efforts doivent s’inscrire dans un partenariat clair, juste et durable », a souligné Birame Soulèye Diop.
Au-delà de l’aspect économique, le ministre insiste sur la portée éthique de cette réforme. Chaque contrat devra désormais incarner un engagement envers le peuple sénégalais, et non une simple opération commerciale.
Le gouvernement s’engage notamment à publier systématiquement les contrats signés, conformément aux standards de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), dont le Sénégal est un membre actif.
Une réforme participative et inclusive
L’élaboration de ce nouveau cadre ne se fera pas en vase clos. Le ministère prévoit un processus inclusif, associant collectivités territoriales, entreprises locales, société civile, parlementaires et partenaires techniques et financiers. Tous les acteurs auront voix au chapitre pour redéfinir ensemble les règles du jeu.
Cette démarche marque un changement de paradigme : les ressources du sous-sol doivent désormais contribuer pleinement à l’équité sociale, à la justice économique et à l’indépendance stratégique du Sénégal.
FATOUMATA BA