Les 35 milliards de dollars mobilisés lors du dernier Africa Investment Forum à Marrakech – qui s’ajoutent aux 143,1 milliards d’intérêts d’investissement recueillis depuis le début de l’aventure- place le continent, selon la Banque africaine de développement, sur une trajectoire prometteuse. Explications.
L’investissement est un moteur majeur de la croissance et du développement à long terme », affirmait la CNUCED l’automne 2014, dans un rapport sur le développement économique en Afrique. Aujourd’hui encore, toutes les institutions et organisations en sont convaincues, au regard notamment des différentes études qui se succèdent. D’ailleurs, quand il est question d’investissement sur le continent, l’engouement de l’écosystème économique est toujours au rendez-vous, comme c’était le cas à l’Africa Investment Forum (AIF) qui s’est tenu récemment à Marrakech. Cette année, les négociations entre partenaires ont abouti à 34,82 milliards de dollars d’intérêts d’investissements. Ces derniers s’ajoutent aux 143,1 milliards de dollars mobilisés depuis le lancement du forum en 2018, portant ainsi à 177,92 milliards de dollars, le montant des intérêts d’investissements mobilisés en cinq ans dans le cadre de cette plateforme.
Pour Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) -penseur de cette plateforme – l’engouement des investisseurs témoigne d’un changement de paradigme sur le continent. « Nous sommes en train de construire une puissance financière autour de l’investissement en Afrique », a-t-il déclaré lors de la clôture des travaux. « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique et doit continuer de croire que nous pouvons résoudre les problèmes, et c’est alors que les autres pourrons nous rejoindre », a, pour sa part, indiqué Chinelo Anohu, Directrice de l’AIF.
L’engagement des Etats
Placée sous le thème : « Libérer les chaines d’approvisionnement », cette édition a abordé les sujets urgents en matière de développement économique d’un continent qui a besoin de renforcer sa résilience face aux chocs, après la pandémie de Covid-19 et dans un contexte de guerre russo-ukraine avec son lot d’incidences sur les chaines d’approvisionnement, ainsi que la sérieuse question des changements climatiques. « La participation de l’Afrique aux chaines de valeurs n’est pas telle que nous le voudrions », a reconnu le président Azali Assoumani des Comores et président en exercice de l’Union africaine (UA). Il a, à cet effet, appelé à l’émergence d’un secteur privé orienté « transformation ». Abondant dans le même sens, la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu a en profité pour vanter les mérites de son pays comme terre d’investissement, mettant en lumière les avancées opérées ces dernières années tant en matière d’infrastructures, que d’environnement des affaires. Le président Julius Madaa Bio de la Sierra Leone s’est, quant à lui, voulu rassurant s’engageant à travailler de manière à « transformer les challenges de [son] pays en opportunités ».
Tous les secteurs clés visés
L’agro-industrie avec les zones économiques et spéciales, les minerais stratégiques, les transports, les infrastructures, les énergies renouvelables, les industries créatives… tout a été passé au peigne fin pour voir comment améliorer les conditions dans les pays et susciter en permanence un fort intérêt des investisseurs. Les près de 35 milliards de dollars d’intérêts d’investissements mobilisés à Marrakech sont portés majoritairement vers les projets d’agriculture, d’infrastructure et d’énergie, selon la Banque, qui souligne aussi une participation active du secteur privé africain. Parmi tant d’autres leaders, le président Faure Gnassingbé du Togo était spécialement présent pour négocier avec les investisseurs intéressés par le projet ferroviaire et logistique porté par l’Etat. Le Maroc, pays hôte de ce rendez-vous, a quant à lui reçu l’intérêt des investisseurs ses projets de port en eau profonde et de zone franche.
Pour l’heure, les détails des 177,92 milliards de dollars d’intérêts d’investissement accumulés depuis cinq ans ne sont pas entièrement et publiquement disponibles. Mais, il est connu que les investissements concrètement débloqués ont servi à la réalisation de projets agricoles, d’infrastructures ou d’énergies à travers le continent.
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