Dans un procès historique qui pourrait redéfinir le paysage juridique de l’intelligence artificielle, Stability AI, la start-up britannique à l’origine du générateur d’images Stable Diffusion, se retrouve en procès contre Getty Images. L’accusation ? Avoir utilisé sans autorisation 12 millions d’images issues de la célèbre banque de photos pour entraîner son modèle d’IA.
Un procès sans précédent
Ce procès, qui s’est ouvert récemment à Londres, représente une première dans le domaine de l’IA générative. Getty Images allègue que l’utilisation non consentie de ses images nuit à sa réputation et à son modèle économique. En effet, les images générées par Stable Diffusion portent parfois le logo de Getty, ce qui pourrait induire en erreur les utilisateurs quant à leur origine et leur légitimité.
Les arguments de Getty Images
Les avocats de Getty Images se sont appuyés sur des preuves visuelles lors des audiences, affirmant que Stability AI a violé les droits d’auteur en intégrant des contenus protégés sans permission. « Nous sommes déterminés à protéger notre banque d’images, a déclaré un représentant de Getty. L’IA ne peut pas ignorer les droits d’auteur qui existent depuis des décennies. »
La défense de Stability AI
En réponse, Stability AI soutient que ses créations relèvent du concept de « fair use », qui permet un certain degré d’utilisation d’œuvres protégées à des fins transformationnelles. Ils affirment que leur technologie génère des œuvres originales plutôt que de reproduire simplement des images existantes. De plus, leur défense remet en question l’autorité de la justice britannique sur le cas, arguant que la majorité des actes litigieux ont eu lieu aux États-Unis, un élément qui pourrait influer sur la jurisprudence applicable.
Les enjeux pour l’industrie
Les implications de ce procès dépassent de loin les deux parties directement impliquées. Un verdict en faveur de Getty pourrait établir un précédent sévère pour de nombreuses autres entreprises d’IA, les obligeant à reconsidérer leurs pratiques d’entraînement et à acquérir des licences pour les contenus qu’elles utilisent. À l’inverse, une victoire pour Stability AI pourrait renforcer la légitimité de l’utilisation d’images protégées dans l’entraînement des modèles d’IA, ouvrant la voie à des pratiques plus flexibles dans le secteur.
Vers un nouveau cadre juridique ?
Au fur et à mesure que les technologies d’IA évoluent, la nécessité d’un cadre juridique clair devient de plus en plus urgente. Ce procès pourrait être le catalyseur d’une législation améliorée concernant l’IA générative, adaptée à la réalité du marché numérique contemporain.
Alors que le procès se poursuit, l’industrie technologique retient son souffle. Le verdict pourrait non seulement influencer Stability AI et Getty Images, mais aussi redéfinir comment les technologies d’IA interagissent avec la propriété intellectuelle à l’échelle mondiale. Ce cas demontre l’importance d’un équilibre entre innovation et respect des droits d’auteur, un défi crucial à l’ère de l’intelligence artificielle.
Ndeye Dieynaba Traoré