Pour la première fois en plus de vingt ans, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note du Sénégal, passant de B1 à B3. Cette baisse signifie que le pays est désormais considéré comme un investissement à risque, ce qui entraînera des taux d’intérêt plus élevés pour ses emprunts futurs.
Cette dégradation est principalement motivée par les indicateurs budgétaires défavorables révélés par la Cour des comptes du Sénégal. Le 12 février, la Cour a publié un rapport sur l’état des finances publiques, remettant en question les chiffres officiels concernant la dette et le déficit budgétaire entre 2019 et 2024, sous la présidence de Macky Sall.
Moody’s souligne également de graves défaillances dans la gestion des finances publiques. Le rapport de la Cour des comptes met en lumière des pratiques inquiétantes sous l’administration précédente, notamment des dépenses non déclarées, des avances du Trésor non régularisées, ainsi qu’une comptabilité incomplète des financements externes.
Dans un communiqué, l’agence américaine explique que l’ampleur et la nature de ces écarts réduisent considérablement la marge de manœuvre budgétaire du Sénégal, augmentent les besoins de financement et révèlent des lacunes importantes en matière de gouvernance passée.
Ainsi, Moody’s rappelle que selon la Cour des comptes, la dette de l’administration centrale s’élève à 99,7 % du PIB en 2023, soit environ 25 points de pourcentage de plus que les chiffres officiels précédents et supérieure aux estimations de l’audit préliminaire du ministère des Finances achevé en septembre 2024. Par conséquent, le Sénégal est plus vulnérable aux chocs économiques défavorables que prévu.
En conséquence, la pression financière sur le gouvernement sénégalais est accrue, car les besoins bruts de financement pour 2025 représentent 20 % du PIB, avec des paiements d’amortissement estimés à 2 900 milliards de FCFA (12,8 % du PIB). De plus, la dette garantie par l’État atteint désormais 11 % du PIB, soit quatre fois plus que les déclarations antérieures des autorités.
Cette situation fragilise la capacité du Sénégal à lever des fonds sur les marchés internationaux. Cependant, une amélioration de la notation dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en place des réformes structurelles, à réduire efficacement la dette et à restaurer la confiance des créanciers.
Mame Malick Ciss