« La mise en place de l’Eco sera un processus long et ardu. Malgré des années de développement, le projet a été maintes fois retardé en raison des défis liés à la convergence économique et budgétaire, ainsi qu’aux discussions politiques, qui sont naturellement complexes pour un projet de cette envergure », affirme S&P Global Ratings dans son rapport du 19 août 2024. L’agence estime que l’instauration de la monnaie unique pour l’Afrique de l’Ouest, connue sous le nom d’Eco, sera un chemin semé d’embûches, d’autant plus compliqué par le retrait récent de trois pays en janvier.
L’Eco, une union monétaire envisagée pour renforcer l’intégration économique et financière dans la région, vise également à soutenir l’indépendance monétaire au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le mois dernier, lors de la 64e réunion ordinaire de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a réitéré son soutien à la mise en œuvre de l’Eco. Pendant cette réunion, les gouverneurs ont entamé des discussions préliminaires concernant l’établissement du cadre institutionnel et juridique pour une nouvelle banque centrale régionale.
Cependant, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la CEDEAO en réponse aux sanctions imposées après une série de coups d’État, tout en restant membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
La procédure de retrait prend un an. Le nouveau président et le premier ministre sénégalais travaillent à résoudre cette situation avant l’expiration de ce délai, mais « l’issue de ces discussions reste très incertaine », observe S&P Global Ratings.
En attendant, l’agence estime que l’appartenance à l’UEMOA continue de renforcer la solvabilité des membres de cette union, qui a maintenu une forte stabilité macroéconomique avec une inflation systématiquement inférieure à celle de ses pairs.
S&P note également que la garantie de convertibilité par la France soutient la crédibilité de l’ancrage de la monnaie à l’euro, tandis que les réserves communes gérées par la banque centrale régionale fournissent une protection supplémentaire contre les chocs économiques spécifiques.
L’UEMOA regroupe huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ces pays partagent une monnaie commune, le franc CFA (XOF), et une banque centrale régionale, la BCEAO.
La CEDEAO, quant à elle, inclut plusieurs autres nations, telles que le Cabo Verde, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria, la Sierra Leone, en plus des membres de l’UEMOA. En janvier 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont officiellement annoncé leur retrait du bloc, une décision qui ajoute une complexité supplémentaire au processus de création de l’Eco.
Source : Financial Afrik