L’économie numérique en Afrique est en pleine expansion, mais les interruptions volontaires d’Internet et des réseaux sociaux par les gouvernements menacent cette dynamique. Selon le rapport Global Cost of Internet Shutdown publié par la plateforme britannique Top10VPN, les coupures d’Internet et les restrictions d’accès aux réseaux sociaux ont coûté à l’Afrique subsaharienne 1,56 milliard de dollars en 2024.
Une Légère Diminution des Pertes
Bien que ce chiffre représente une légère diminution par rapport aux 1,74 milliard de dollars enregistrés en 2023, les pertes restent significatives. En 2024, la région a connu 32 938 heures d’interruptions, affectant 111,2 millions d’internautes. Ces coupures, souvent ordonnées dans des contextes de troubles politiques ou de conflits, freinent le développement économique et aggravent l’instabilité sociale dans des pays déjà vulnérables.
Les Pays les Plus Touchés
Le Soudan est le pays le plus touché, avec une perte de 1,12 milliard de dollars, représentant près de 72 % des pertes totales de la région. Ces interruptions, visant principalement à contenir des manifestations, ont affecté 23,4 millions de personnes sur une durée record de 12 707 heures. D’autres pays, comme l’Éthiopie et le Kenya, ont également subi des pertes significatives, respectivement 211,2 millions de dollars et 75 millions de dollars.
Le Sénégal, qui figure à la 7e place continentale de cette liste, a perdu 15,4 millions de dollars, loin derrière les 57 millions enregistrés en 2023. Le pic des coupures est intervenu lors de la confusion préélectorale entre janvier et mars 2024. Le 4 janvier, le gouvernement de Macky Sall a par exemple interdit les accès à la plateforme chinoise TikTok. Le réseau social cumule à lui seul près de 1 152 heures d’interruption sur les 1 219 heures annuelles.
Méthodologie de Calcul des Pertes
Le rapport de Top10VPN explique que les pertes économiques dues aux coupures sont calculées à l’aide de l’outil Netblocks Cost of Shutdown Tool, basé sur une méthodologie développée par la Brookings Institution. Les pertes sont estimées en fonction du PIB numérique de chaque région, de la durée des interruptions et du nombre d’internautes affectés. Les données proviennent de sources fiables, telles que la Banque mondiale et des gouvernements.
Un Frein à la Transformation Numérique
Ces pertes massives illustrent les conséquences des coupures d’Internet sur le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Alors que la région investit dans la transformation numérique, ces interruptions délibérées freinent l’innovation et la compétitivité. Le rapport souligne que ces dommages sont à la fois directs, en termes de coût économique et humain, et indirects, car ils poussent les utilisateurs à recourir à des VPN dangereux pour contourner les restrictions.
Les coupures d’Internet en Afrique subsaharienne représentent un défi majeur pour le développement économique et social du continent. Les gouvernements doivent trouver un équilibre entre la sécurité publique et l’accès à Internet pour favoriser un environnement propice à l’innovation et à la croissance.