Depuis 2014, la société Grande Côte Opérations (GCO) exploite le sable sénégalais pour en extraire du zircon, mais aussi de l’ilménite, du rutile et du leucoxène. Ces minerais permettent de produire de la céramique ou des pigments blancs utilisés dans la peinture, le plastique ou le papier. Depuis plusieurs semaines, Eramet Grande Côte Opérations (GCO) fait l’objet de contestations en raison de l’exploitation du zircon dans le désert de Lompoul. Les maraîchers riverains de cette mine se plaignent de la perte de leurs activités agricoles et des compensations jugées insuffisantes pour accepter le passage de la mine.
La société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90 % par la société minière française Eramet et à 10 % par l’État sénégalais. Après un record de 804 000 tonnes de concentré de sables minéralisés extraits en 2021, dont 15 % de zircon, la production a légèrement baissé en 2022, mais les chiffres ont de nouveau augmenté en 2023. L’exploitation du zircon a généré 97 milliards de FCFA de retombées économiques et près de 2 000 emplois durables en 2023, selon Eramet, qui se positionne également comme le cinquième contributeur minier au budget de l’État, comme le confirme le dernier rapport de l’ITIE.
En effet, l’exploitation du zircon a un impact négatif sur l’environnement, car elle traverse des villages et des zones maraîchères. Les communautés hôtes expriment leur mécontentement sous le slogan « Eramet, ça suffit ! », en référence à l’entreprise française qui exploite le zircon dans la région. Une quarantaine de personnes ont bloqué la piste et empêché le passage des camions vers la mine. Parmi elle, Ibrahima Ba, un maraîcher, déclare : « On est là pour se plaindre. À cette heure-ci, s’il n’y avait pas cette mine, on serait en train de travailler dans nos champs, c’est ce qui nous permet de vivre, et maintenant ce n’est plus possible. »
Selon les manifestants, l’assèchement des terres agricoles après le passage de la mine mobile, qui filtre le sable sur une profondeur de 10 à 15 mètres pour extraire le minerai, ainsi que le pompage de l’eau sur son passage, sont des causes de cette situation. De plus, l’entreprise aurait racheté leurs terres pour l’exploitation du zircon.
En outre, les propriétaires ont été indemnisés, mais ces compensations sont jugées largement insuffisantes, affirme Samba Sène, à la tête d’un collectif de jeunes. « Trois millions de FCFA », soit près de 4 600 euros, ont été versés pour les cinq hectares de terre de son père, précise-t-il.
Peu de jeunes de la région travaillent pour la mine, qui emploie plus de 2 000 personnes. Djibril Ba, qui a perdu son champ, pousse un cri du cœur : « Au début, ils avaient dit que dès qu’ils passeraient, ils nous rendraient nos champs pour que nous puissions continuer à cultiver, mais ils ne l’ont jamais fait. »
Cependant, l’entreprise Grande Côte Opérations (GCO) dément ces accusations. Dans un communiqué publié le 9 janvier 2024, elle assure avoir restitué 85 hectares à l’État sur les 3 000 hectares exploités et affirme être le cinquième contributeur minier au budget de l’État. L’entreprise précise qu’elle « opère au Sénégal dans le plus grand respect des lois et réglementations du pays, notamment en matière minière et environnementale ». Toujours dans le document, Eramet Grande Côte souligne que « les enjeux environnementaux sont une priorité et font partie intégrante de ses opérations ».
FATOUMATA BA